Trou noir de Kerr

En astrophysique, un trou noir de Kerr[1], ainsi désigné en l'honneur du mathématicien néozélandais Roy Kerr, est un trou noir en rotation et dépourvu de charge électrique.

Plus précisément :

  • de masse strictement positive :  ;
  • dont le moment cinétique n'est pas nul : , c'est-à-dire qui est en rotation axiale ;
  • dont la charge électrique est nulle  ;
  • dont l'horizon des événements est en rotation rigide[2],[3].

D'après la conjecture de calvitie, proposée par John Wheeler, il est un des quatre types théoriques de trous noirs[4].

Il est décrit, dans le cadre de la relativité générale, par la métrique de Kerr, découverte par Roy Kerr en [5],[6]. La métrique est une solution exacte de [7] à laquelle l'équation d'Einstein se réduit pour le vide[8],[9] en l'absence de constante cosmologique[8]  ; elle ne dépend que des deux paramètres et [9],[10], c'est-à-dire la masse et le moment cinétique [10],[11]. L'espace-temps dont la métrique de Kerr décrit la géométrie a quatre dimensions[12] ; il est vide[12] mais courbe bien qu'asymptotiquement plat[12] ; il est stationnaire[12] et à symétrie axiale[13].

La métrique de Kerr ne décrit un trou noir qu'avec [14],[10]. La métrique de Schwarzschild correspond au cas particulier de celle de Kerr[15],[16]. Le trou noir extrémal que celle-ci décrit correspond au cas limite [14],[10] ; la température de Hawking d'un tel trou noir est nulle[10]. Avec , la métrique de Kerr prédit l'existence de singularités nues[14],[10], c'est-à-dire de singularités gravitationnelles qui, contrairement à celles des trous noirs sans rotation, ne seraient pas vraiment occultées par un horizon des évènements, hypothèse à laquelle s'oppose la conjecture de censure cosmique, proposée par Roger Penrose[17]. La métrique de Minkowski correspond au cas particulier de celle de Kerr[18].

La métrique de Kerr ne peut décrire qu'un trou noir[19]. Le théorème de Birkhoff ne lui est pas applicable[20],[21] et elle ne décrit pas le champ gravitationnel à l'extérieur d'une étoile en rotation[22], y compris pendant son effondrement gravitationnel[23].

L'hypothèse de Kerr[24],[25],[26] est l'hypothèse selon laquelle tous les trous noirs astrophysiques sont, quand ils sont proches de l'équilibre, bien décrits par la métrique de Kerr[25]. En effet, les trous noirs astrophysiques sont considérés comme neutres, dans une très bonne approximation[24].

  1. Taillet, Febvre et Villain 2013, s.v.trou noir de Kerr, p. 699, col. 2.
  2. Bičák 2000, sec. 4, § 4.1, p. 45.
  3. Heinicke et Hehl 2017, sec. 3, sous-sec. 3.5, § 3.5.2, p. I-156.
  4. Taillet et al. 2009, encadré « trou noir de Kerr », p. 560, lire en ligne (consulté le 2 août 2014)
  5. Taillet, Febvre et Villain 2013, s.v.trou noir de Kerr, p. 700, col. 1.
  6. Kerr 1963.
  7. Grumiller et Sheikh-Jabbari 2022, § 2.5.1, p. 59.
  8. a et b Heinicke et Hehl 2017, sec. 1, § 1.3, p. I-119.
  9. a et b Léauté 1968, résumé, p. 93.
  10. a b c d e et f Penrose 2007, § 31.15, p. 881.
  11. Léauté 1968, § 3, a), p. 97.
  12. a b c et d Chruściel 2005, sec. 3, p. 110.
  13. Chruściel 2005, sec. 3, p. 111.
  14. a b et c Bičák 2000, sec. 4, § 4.1, p. 46.
  15. Bičák 2000, sec. 4, § 4.1, p. 42.
  16. Léauté 1968, § 2, (2), p. 96.
  17. Taillet et al. 2009, entrée « singularité nue », p. 504, lire en ligne (consulté le 2 août 2014).
  18. Léauté 1968, § 2, (1), p. 95-96.
  19. Ferrari, Gualtieri et Pani 2020, chap. 18, introduction, p. 395.
  20. Fré et al. 1999, chap. 1er, p. 5.
  21. Iorio 2015, sec. 4, sous-sec. 4.4, § 4.4.3, p. 56.
  22. Fernández-Jambrina et González-Romero 2003, chap. 1er, sec. 3, § 3.1, p. 7.
  23. Shapiro et Teukolsky 1983, chap. 12, sec. 12.7, p. 359.
  24. a et b Brito, Cardoso et Pani 2020, chap. 4, sec. 4.6, § 4.6.8, p. 146.
  25. a et b Cunha, Herdeiro et Radu 2019, sec. 1, p. 1.
  26. Hajianand et Kunz 2023, sec. 1, p. 1372.

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